Les bonnes nouvelles fusent de toutes parts : plus bas taux de chômage jamais vu, prospérité inégalée meilleure inclusion des femmes dans la vie économique, remontée de la demande de bureaux, projets commerciaux en vogue, etc.
Ces données optimistes et encourageantes cachent pourtant une autre réalité vécue par les organismes d’aide en sécurité alimentaire comme le Regroupement Partage : les besoins en lien avec la pauvreté, eux, ne diminuent toujours pas !
En effet, la demande pour les fournitures scolaires et les denrées alimentaires est demeurée stable dans certains quartiers et elle a même augmenté dans certains quartiers de l’Est de l’Île de Montréal.
Comment expliquer cela ? À lire les journaux on croirait que la pauvreté est enrayée et que tout le monde roule sur l’or ! C’est malheureusement faux.
S’il est vrai que le chômage est bas, ce sont surtout les diplômés universitaires qui se trouvent des emplois spécialisés. Les travailleurs non-spécialisés peinent toujours à trouver des emplois ou doivent combiner plusieurs emplois à petits salaires, pour arriver de peine et de misère.
Selon le plus récent bilan économique du Grand Montréal, publié en août dernier par la Communauté métropolitaine du Grand Montréal, la région de Montréal souffre de sous-scolarisation historique de sa population, qui freine la croissance de sa productivité et qui la place en fin de peloton parmi les principales régions métropolitaines nord-américaines.
Or, selon les économistes, la scolarisation est le premier facteur déterminant de la productivité et du niveau de vie, surtout en région urbaine. Et la scolarisation, ça passe aussi beaucoup par des rentrées scolaires qui donnent l’envie d’apprendre et d’aller à l’école, car on a les bons outils pour débuter l’année !
Pour les petits travailleurs, et ce même s’ils ont un emploi, les coûts de la nourriture et des produits d’hygiène de base sont énormes. Surtout qu’ils augmentent sans cesse. Pour ces familles, il est difficile, voire impossible, de joindre les deux bouts pour les ménages qui travaillent au salaire minimum.
Est-ce qu’il faut rappeler que la pauvreté peut frapper tout le monde ? Selon un sondage IPSOS paru en janvier, près de la moitié des Canadiens sont à 200 $ ou moins d’une insolvabilité financière. En outre, 45 % des personnes interrogées affirment qu’elles devront s’endetter davantage pour payer leurs frais de subsistance et leurs dépenses familiales. Dans une société si prospère, ces inégalités sociales sont inadmissibles !
Capitale de la pauvreté
Pour les parents de Montréal, capitale de la pauvreté au Québec, il sera donc encore plus difficile de boucler le budget de la rentrée, estimé à près de 500 $ par enfant cette année.
Évidemment Montréal n’a pas qu’une population à faible revenu. Mais, 11 de ses 18 circonscriptions remportent la triste palme d’être celles où le taux de pauvreté (selon le quintile de mesure) est le plus élevé au pays. Les enfants de milieux défavorisés sont deux fois plus à risque de décrocher avant la fin du secondaire, selon le bulletin statistique de l’éducation du Gouvernement du Québec.
Sachant que c’est à Montréal qu’habitent près de 84 % des élèves québécois de niveau primaire vivant sous le seuil de faible revenu et dans les pires conditions de défavorisation, il est tragique de constater que la métropole du Québec ne prépare pas mieux ses enfants à la réussite afin de demeurer productifs et prospères.
En ce lancement d’élections fédérales, alors que tous font des promesses, le Regroupement Partage demande cohérence entre le souhait si cher aux partis de développer économiquement le pays et son adéquation avec la persévérance scolaire, directement liée à la lutte contre la pauvreté.
Sylvie Rochette, cofondatrice et directrice générale
Regroupement Partage