La pauvreté n’est pas un enjeu à une seule facette. Il est une conséquence de diverses problématiques, et il faut la regarder dans son ensemble, plutôt que de vouloir y mettre des pansements pour en cacher les plaies.

Le climat et l’environnement sont en ce moment sur toutes les lèvres, dans tous les médias. La crise climatique est bien réelle, et malgré l’action concrète de centaines de milliers de canadiens qui ont marché pour cette cause commune dans les dernières semaines, nos dirigeants tardent à agir, comme si l’enjeu de l’environnement était aussi unifacettaire et déconnecté des autres facettes de la société.

Or, il existe un lien direct entre la pauvreté et l’impact environnemental, tout comme il y a un lien direct entre pauvreté et mauvaise santé. Il est impensable que cet enjeu incontournable ait été complètement occulté du Débat des chefs.

Il en coûte plus cher d’acheter du lait que du Coke. Plus cher d’acheter des grains entiers que des produits transformés. Plus cher d’acheter local ou biologique (et les deux évidemment) que d’acheter des importations qui viennent de l’autre bout de la terre, des produits qui contiennent des pesticides. Plus cher d’acheter une bouteille réutilisable qu’une bouteille de plastique jetable.

Quand tu luttes au quotidien pour ta survie, pour nourrir ta famille, la survie de l’espèce, dans 50 ans, dans 100 ans, devient malheureusement secondaire.

Être en mode survie, essayer de joindre les deux bouts, se garder une petite marge de manœuvre lorsque c’est possible, veut dire faire le choix de ce qui est le moins cher. Et ce choix moins cher est souvent celui qui est le plus nocif pour l’environnement, et pour la santé. Il est utopique de penser qu’on pourra espérer de grands changements environnementaux tant qu’on n’enrayera pas la pauvreté et qu’on n’aura pas redonné le pouvoir à tous les citoyens de participer concrètement a ces changements, quelque soit leur statut social.

Le Canada est une nation prospère et pourtant, en 2015, encore près d’un Canadien sur huit vivait dans la pauvreté. Des initiatives louables ont été mises en place suivant ce constat, notamment la première Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté en 2015. Cette stratégie fait état d’une liste de mesures prises pour atteindre d’ambitieux objectifs : des cibles de réduction de la pauvreté de 20 % d’ici 2020 et de 50 % d’ici 2030, d’après les données de 2015, grâce auxquelles nous atteindrions le plus faible taux de pauvreté de l’histoire du Canada.

Or rien n’indique à ce jour, moins d’un an avant la date de la première échéance, que nous serons en mesure de l’atteindre.

Cette stratégie établit également que pour que le gouvernement puisse consolider son engagement à réduire la pauvreté, la nouvelle loi sur la réduction de la pauvreté, dans laquelle sont inscrits le seuil officiel de la pauvreté au Canada et les cibles de réduction de la pauvreté, doit être plus qu’une vague cible. C’est un objectif à court terme essentiel et central à toute future réussite pour améliorer le contexte environnemental planétaire.

En cette période électorale fédérale, le Regroupement Partage souhaite rappeler au gouvernement ainsi qu’aux partis candidats à quel point enrayer la pauvreté ne peut pas être qu’un vœu pieu.

Enrayer la pauvreté, c’est aussi protéger la planète et réduire collectivement notre impact environnemental.

Sylvie Rochette, cofondatrice et directrice générale
Regroupement Partage

 

 

Sylvie Rochette, cofondatrice et directrice générale

Regroupement Partage