Ces jours-ci, les familles reçoivent des chèques de 100 $ pour défrayer une partie du coût des fournitures scolaires des 1,1 million d’enfants d’âge scolaire. Oui, vous avez bien lu, des $ pour des fournitures scolaires en janvier. Et pas que quelques dollars, 107 millions de dollars. Annoncée en novembre 2017, cette mesure fait partie de la mise à jour économique déposée à l’Assemblée nationale par le titulaire des Finances, le ministre Carlos Leitão, visant à réduire le fardeau fiscal des familles. Ce dépôt de janvier est remis rétroactivement pour les fournitures de la rentrée scolaire 2017.
Est-ce que l’initiative est louable? Bien sûr que oui. Mais est-ce qu’elle sera efficace? Le Regroupement Partage en doute fortement.
Pensez-vous que les familles qui reçoivent ces $ maintenant les mettront de côté pour les fournitures scolaires? Les urgences, les besoins du quotidien, l’achat de denrées essentielles, entre maintenant et la rentrée, feront en sorte qu’il est bien peu probable que ces dollars soient investis dans ce pour quoi ils ont été distribués.
Et lorsque viendra la rentrée, nous verrons déferler des vagues de petits élèves dont le sac à dos sera vide, dans lequel il manquera de fournitures, ou même qui n’auront pas du tout de sac à dos. Ces enfants de familles défavorisées sont plus nombreux que ceux de familles favorisées à ne pas déjeuner, à être sédentaires, ainsi qu’à avoir une faible estime d’eux- mêmes. Ils sont :
• de trois à quatre fois plus nombreux à accuser des retards scolaires
• deux fois plus nombreux à éprouver des problèmes d’apprentissage
Ce qui, tristement, les mène souvent au décrochage : le décrochage est 2 fois plus élevé chez les élèves provenant de milieux défavorisés, et dans certains arrondissements de Montréal, c’est 1 élève sur 2 qui décroche.
Le Regroupement Partage estime que l’octroi d’un supplément pour les fournitures scolaires aurait été plus bénéfique si il passait directement par les écoles, ou des institutions qui sont sur le terrain et qui peuvent assurer que les enfants démarrent bien l’année avec tout le matériel scolaire requis.
Imaginez, en plus, terminée la course folle à la fin août pour faire les magasins pour tout acheter à bon prix, l’école s’en chargerait. Plus de bon temps en famille, plus de vacances et moins de stress.
Monsieur Leitão, nous vous invitons à conserver cette mesure, mais à mieux distribuer les dollars, ces 100 millions de dollars durement gagnés par les contribuables, afin qu’ils puissent servir là où le doivent, à contribuer à la réussite scolaire et à favoriser une meilleure estime d’eux-mêmes aux enfants de la province.
Sylvie Rochette, cofondatrice et directrice générale
Regroupement Partage