Le salaire minimum ne permet pas de joindre les deux bouts: la demande pour les banques alimentaires a vécu une forte hausse cette année et se fait ressentir davantage à l’approche des fêtes. Après une année ponctuée de coupes dans l’aide aux citoyens, résultant en une forte hausse de la demande sur le réseau communautaire, il est triste, mais pas surprenant, de constater l’accroissement de la demande pour les banques alimentaires.

Le Regroupement Partage organise en décembre des Magasins-Partage de Noël dans 17 quartiers montréalais. Tenus sous la forme d’un marché de quartier, ces 17 Magasins-Partage aideront cette année 5600 ménages montréalais démunis où logent quelque 19 600 enfants et adultes.
Le Regroupement Partage avait pressenti une demande accrue cette année, et la prémonition s’est avérée réalité lorsqu’à la mi-novembre, ses 17 Magasins-Partage de Noël étaient remplis à 70%, contrairement à 30-50% selon le quartier, pour la même période l’an dernier. Les listes d’attente de plusieurs Magasins-Partage commencent à s’allonger, ce qui ne laisse rien présager de bon pour la fin décembre.
La clientèle est maintenant composée de plus en plus de travailleurs; ces mêmes gens qui autrefois étaient des donateurs se retrouvent bénéficiaires. Pour un couple travaillant au salaire minimum avec trois enfants, 40 000$ pour vivre, c’est largement insuffisant au regard du coût des denrées et des produits d’hygiène de base qui augmentent constamment. La croissance de la courbe des revenus, elle, ne suit pas.
Pour les ménages à faible revenu, l’aide disponible s’amoindrit sans cesse et les besoins augmentent. À la mi-novembre, 4000 groupes communautaires ont revendiqué et fait la grève pour signaler qu’il est impensable pour le gouvernement du Québec d’engranger un surplus de 2 milliards de $ lorsque les services publics sont ne peuvent répondre aux besoins de leur région et lorsque les 4000 groupes communautaires autonomes de la province sont pris à la gorge par un manque à gagner de 475 M $. En a-t-on parlé ? Peu. La pauvreté ne retient que rarement l’actualité et ne fait pas la nouvelle ni vendre de copies.
Pourtant, année après année, décembre est un mois plus difficile pour les démunis ainsi qu’en 2016, pour les 3000+ ménages de réfugiés syriens parrainés au privé, dont l’aide d’une durée d’un an cessera, et qui n’auront pas accès à l’aide sociale pour une autre année. D’ailleurs plusieurs tentent déjà d’avoir recours à différents services pour vivre convenablement.
Sachant que 70% des immigrants arrivant au Québec s’installent dans la grande région métropolitaine, et, que déjà l’année dernière, 1 famille montréalaise sur 4 vivait sous le seuil de la pauvreté, le Regroupement Partage s’inquiète de ne pouvoir répondre aux besoins grandissant des Montréalais des quartiers défavorisés et des réfugiés nouvellement arrivés.
Soyez généreux pour le temps des fêtes et tout au long de l’année, car de nombreuses familles ont faim tous les jours. Avoir de la nourriture pour se nourrir convenablement au quotidien est primordial pour consacrer ses énergies non pas à chercher constamment de l’aide alimentaire mais plutôt à sentir mieux et plus fort pour amorcer d’autres démarches afin d’améliorer sa vie et celle de sa famille.

 

 

 

Sylvie Rochette, cofondatrice et directrice générale

Regroupement Partage